En 2008, Monsieur Durand effectue une première donation-partage à ses deux enfants :
Au total, le coût fiscal total de la donation après les différents abattements est nul.
A ce stade, la majeure partie des titres est toujours détenue par Monsieur Durand, qui continue à bénéficier de l’exonération d’ISF au titre de biens professionnels sur sa participation. Une partie des titres de la société a été transmise aux enfants sans aucun frottement fiscal. Un nouvel engagement collectif est souscrit sur 600 des 800 titres détenus par Monsieur Durand.
Deuxième étape
En 2014, la situation a changé, Monsieur Durand souhaite transmettre la direction de son entreprise à Jean tout en réalisant un capital pour assurer son train de vie :
Si Jean rachète directement ses 200 titres à Monsieur Durand ainsi que les 200 titres de Georges en contractant un emprunt, il pourra déduire de son impôt sur le revenu 25% des intérêts de reprise mais dans la limite de 20 000 € . Or le coût d’un emprunt de 2 400 000 € à 5% sur 10 ans est de 740 000 €, soit 74 000 € d’intérêts annuels. Le schéma est de créer une Holding de reprise, New Co au capital de 6 millions d’Euros. Jean apporte ses 400 titres de Ciblex et recoit en échange 670 parts de New Co d’une valeur faciale de 6 000 € et Georges accepte d’apporter ses 200 titres, en échange de 330 parts dans la Holding. À ce stade, il n’est pas question de sursis d’imposition puisque la valeur des parts apportées correspond à la valeur des parts au moment de la donation. L’apport par les enfants de titres sociaux à la société holding est exonéré de droits d’enregistrement et de droit fixe . Cette Holding de reprise va racheter les 200 parts de Monsieur Durand et les 200 parts sur les 300 parts détenues par Georges, en contractant un emprunt de 2 400 000 €. Cet emprunt va être remboursé par les dividendes qui remontent de la société Ciblex vers la Holding de reprise. Si on part sur une base de rentabilité de 6% de la société, le schéma fonctionne avec un emprunt sur 10 ans.
La répartition du capital est la suivante : la Holding New Co détient 100% des actions de Ciblex. Elle est elle-même détenue à 67% par Jean, qui est donc majoritaire (alors qu’en direct, il ne détient pour l’instant que 40% des actions Ciblex) et à 33% par Georges, actionnaire minoritaire.
Monsieur Durand va récupérer 1 200 000 € sur lesquels seront prélevés 12.1% de PS. Il lui restera 1 054 800 € à investir dans des supports pour compléter sa retraite.
Une solution aurait pu être pour Jean de racheter immédiatement via la NewCo l’ensemble des titres de Georges. Mais d’une part, il semble assez peu probable que la banque accepte de prêter 3 600 000 €, c’est-à-dire plus de la moitié de la valeur de la société Ciblex. D’autre part, le fait de rester actionnaire de Ciblex via la Holding présente pour Georges certains avantages. Il ne doit que 29 139 € de DMTG au lieu de 239 683 sans EC, soit un gain de 800% par rapport à une revente immédiate sans pacte Dutreil. Et ses DMTG comme ceux payés par Jean vont pouvoir bénéficier d’un paiement différé et fractionné à taux réduit de 2/3 (les conditions sont réunies) tant qu’il ne revend pas ses titres.
De plus, Georges par la cession des 200 titres Ciblex est déjà au-dessus du seuil de 770 000 € pour l’ISF. Il pourrait bénéficier d’une exonération d’ISF de 75% sur la valeur des titres apportés à New Co s’il souscrivait avec son frère un engagement Dutreil-ISF13; portant sur les parts de Ciblex, les conditions étant réunies. En cas d’interposition15 de société, l’engagement doit être également contracté par New Co, société détentrice des titres Ciblex qui font l’objet du pacte Dutreil ISF.
Depuis la loi de Finances 2008, la durée de l’engagement collectif Dutreil-ISF a été réduite de 2 à 6 ans, le délai minimum de détention exigé étant toujours de 6 ans. La réalisation d’opérations de restructuration pendant la période de conservation des titres ne remet plus en cause l’exonération partielle d’ISF accordée à condition que les titres reçus en contrepartie de ces opérations soient conservés par le redevable au total pendant 6 ans et ce même si la condition relative au seuil de détention n’est plus respectée. C’est le cas pour Georges qui a apporté ses titres Ciblex en échange de titres New CO. Donc, tant qu’il ne vend pas ses titres avant 2020 il bénéficie d’un abattement de 75% sur 1200 000 € au titre de l’ISF. Et en tenant compte du passif lié aux droits de mutation, il peut maintenir un niveau annuel d’ISF de 4 316 € contre 9 485 € sans l’exonération, ce qui sur 6 ans représente un gain de 31 014 €.
Patrimoine taxable sans EC pour Georges |
Patrimoine Taxable avec EC |
Gain final sur 6 ans |
400 titres x 6000 € = 2 400 000 € |
200 titres x 6000 + 200 titres x 6000 x 0.25% = 1 500 000 € |
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DMTG = 239 680 € |
DMTG = 29 139 € |
210 541 € |
Patrimoine Net : 2 160 320 € |
Patrimoine Net : 1 470 860 € |
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ISF annuel : 9 485 € |
ISF annuel : 4 316 € |
31 014 € |
La réduction récente des délais d’engagement individuel du pacte Dutreil ISF est dans ce cas un atout pour l’acceptation par l’héritier-actionnaire minoritaire et futur sortant.
Le gain total ISF et DMTG est de 240 000 € sur six ans. Mais ce gain est à relativiser car en supposant que Georges puisse revendre ses parts dans 6 ans et récupérer 1 200 000 €, la rentabilité de l’opération aura été de 3.1% sur six ans. Pour inciter Georges à accompagner Jean, même en tant qu’actionnaire minoritaire, il faut d’autres arguments : on peut penser à mettre en place un pacte familial à durée limitée qui lui assurera certaines prérogatives. : droit de regard sur les résultats de la société, droit à un dividende prioritaire si la trésorerie le permet, éventuellement accord sur des modalités de sortie. Mais, surtout, son intérêt sera de participer à l’effet de levier de l’endettement, décrit plus bas. D’ici dix ans, la société aura rembourser son emprunt et pourra racheter les actions de Georges qui récupérera 33% de 6 millions soit 1 980 000 €. La rentabilité des 1 200 000 € correspond à un placement capitalisé à 6.035% sur 10 ans (gain total ISF, DMTG et PV), tout en contribuant à la pérennité de l’entreprise familiale.
Plusieurs remarques sur ce schéma :
La holding de reprise permet d’optimiser le financement de l’achat de titres en faisant jouer certains effets de levier. En effet, la holding de reprise peut opter pour un des régimes fiscaux suivants :
La Holding Newco ne peut détenir que des parts de société de capitaux, donc si Ciblex avait été à l’origine une société de personnes, il faut la transformer en SA ou SAS. La mise en société d’une entreprise individuelle est exonérée de tout droit d’apport si l’opération est réalisée lors de la constitution de la société et si l’apporteur s’engage à conserver pendant au moins trois ans les titres recus en contrepartie de son apport ( CGI art 151 octies). Le choix de la forme juridique de la Holding de reprise se porterait plutôt pour la SAS pour la souplesse de ses statuts et les droits d’enregistrement des droits sociaux plafonnés à 5 000 €.
Schéma récapitulatif de l’opération
Au total, le poids fiscal de la transmission et d’une partie de la réalisation en capital de l’entreprise sera de 3.38% de sa valeur initiale.
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Fiscalité en 2014 |
Capital dispo en 2014 |
Fiscalité à partir de 2020, 2021, 2022 |
Capital dispo à partir de 2018 |
ISF |
Monsieur Durand |
145 200 € |
1 054 800 € |
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Fin de l’exonération |
Georges |
29 139 € |
1 200 000 € |
12% puis 6% puis 0% et PS de 12.1% |
Cession possible tous les ans de titres New Co à partir de 2018 |
Abattement de 75% tant que les titres sont conservés |
Jean |
28 944 € |
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Exonération |